Texte écrit par Jean-Paul Gavard Perret à l’occasion de l’exposition Les Parciels à la Galerie Isabelle Gounod
Décembre 2018
Audrey Matt Aubert poursuit, dans sa nouvelle exposition, ses recherches autour des formes et archétypes de l’architecture à travers la peinture. Elle reprend ici tous ses droits par les déplacements qu’elle impose à la pierre.
Retrouvant son atelier après de nombreux voyages, la jeune créatrice propose de nouveaux points de vue avec comme point de départ sa visite au Pergamon Museum de Berlin et la découverte d’une reproduction grandeur nature de la porte d’Ishtar.
Entre décor et objet d’analyse, ses reconstitutions monumentales tiennent autant du fantasme que du document historique. N’est-ce pas d’ailleurs ce qui arrive même aux bâtiments eux-mêmes lorsque pour être sauvés de la ruine et des ravages du temps ils sont « déplacées » de diverses manières.
Les conditions de préservation et monstration entraînent forcément la possibilité d’autres déconstruction/reconstruction. Andrey Matt Aubert ne s’en prive pas. Elle saisit divers motifs architecturaux célèbres (la porte d’Ishtar, celle du marché de Milet, l’autel de Pergame) pour les soustraire à leur contextualisation.
Ses figurations se dégagent de l’objet pour en redonner une essentialité là où il s’affiche dans une superbe solitude. Hors références géographiques, loin de toute mimesis, le « modèle historique » se transforme en matière, couleur, motifs autonomes. Ils tiennent d’une « abstraction figurée » au moment où les décors s’effacent autour de monuments qui affichent une parfaite altérité. Manière de tutoyer le ciel pour le parer d’une dimension nouvelle.
Jean-Paul Gavard-Perret